Vous avez envie de partir vivre à Lisbonne et cherchez l’avis de résidents ? Ça tombe bien parce qu’ici, vous ne trouverez pas d’information générale ni enjolivée, écrite par un journaliste qui n’y a jamais mis les pieds. Ou encore, la success story d’un jeune investisseur immobilier qui vit de ses locations Airbnb. Dans l’article qui va suivre, nous vous racontons NOTRE expérience et la réalité de la vie à Lisbonne.

Mai 2018. Suite à notre annonce sur Instagram à propos de notre départ définitif de Lisbonne, vous avez été nombreuses/eux à vouloir savoir pourquoi nous avions pris cette décision. Depuis le temps qu’on vous le devait cet article ! Comme promis, aujourd’hui on vous dit tout !
Et si vous êtes nouveaux par ici et que vous cherchez des infos pratiques et surtout réalistes (pas celles qu’on te raconte à la télé sur l’Eldorado de la capitale portugaise), vous tombez à pic !

Dans l’article qui va suivre, nous allons exposer les PLUS et les MOINS de la vie d’expat’ à Lisbonne selon notre expérience, notre situation (entrepreneurs en couple proche de la trentaine à la recherche d’un appartement à long-terme) et nos ressentis à un moment T : de septembre 2017 à mai 2018.
Chaque information évoquée est donc à prendre avec du recul car tout dépendra aussi de votre situation (célibataire, en couple, entrepreneur, employé d’une entreprise internationale, employé d’une entreprise portugaise, français, française d’origine portugaise, etc.), de votre budget, d’où vous venez (de la campagne, d’une capitale chère, etc.), de votre âge, de la durée de votre installation… À vous bien sûr de vous faire votre propre opinion sur les points qui vont suivre. Dans tous les cas, nous espérons que le récit de notre expérience vous aidera à vous faire une idée globale de la vie à Lisbonne pour éventuellement vous aider à prendre une décision !

Vivre à Lisbonne ~ les MOINS :

Tourisme de masse :

Comme beaucoup de capitales/villes victimes de leurs succès (je pense notamment à Barcelone, Venise, Dubrovnik, etc.), Lisbonne fait partie de cet overtourism et malgré notre volonté de ne pas être de simples touristes, nous y avons contribué. C’est malheureusement le point névralgique qui va entrainer tous les autres points négatifs.

Loyers chers :

Nous étions partis avec l’idée de trouver un logement avec une chambre dans les 500€-600€ en centre-ville. En réalité (2017-2018), il fallait bien compter entre 800€ et 1000€ par mois pour se loger dans le centre et alentours de Lisbonne pour un T2 (ps: un T2 en France = T1 au Portugal) en bon état. Mais ça, c’est si vous avez de la chance.
Par exemple, nous avions trouvé un appartement une chambre + terrasse à Santos (centre) pour 1200€. Julian a tenté de négocier par téléphone et en l’espace de quelques secondes, la propriétaire nous l’a baissé à 1000€… Même si le prix ne rentrait toujours pas dans notre budget, nous sommes tombés des nues : d’un part, le prix (sachant qu’un local gagne entre 500€ et 700€ par mois) et d’autre part, le rabais de 200€ accordé en quelques secondes. Bien que nous nous considérions à ce moment là comme des locaux, nous restons des étrangers aux yeux des portugais leur permettant de proposer des loyers à des prix vertigineux.

Difficile de se loger au centre-ville:

Les appartements dans le centre se font rares, très rares depuis 2017. Des bâtiments entiers sont rénovés pour créer des Airbnb, des Guest-House de luxe ou même des résidences étudiantes. C’est top pour le tourisme mais bien moins sympathique pour les riverains qui sont forcés de s’excentrer. Les propriétaires surfent sur la vague et en profitent pour augmenter le prix des loyers. Certains résidents sont même expulsés de leur appartement car le proprio a sûrement fait une bonne affaire pour revendre son appartement à un gros investisseur asiatique. De nos jours, nous n’assistons plus à un exode rural mais à un exode des villes, la fameuse gentrification.

Difficile de se loger à long terme:

L’une de nos plus grosses difficultés fut de trouver un appartement à long terme.
Dans un premier temps, nous avions trouvé une collocation pour 5 mois à 400€ dans le quartier d’Alcântara (relativement peu cher mais vous auriez dû voir l’état de l’appartement ! Entre prises dénudées et vitre manquante dans la chambre du colloc’, c’était une cata !). A la fin du contrat, (sur lequel nous n’étions pas, d’ailleurs) le propriétaire voulait justement augmenter son loyer sans faire aucune rénovation. La blague !
Dans la foulée, nous avons trouvé via un évènement FrenchUpers une sous-location. Juché sur les hauteurs de Belém (on s’excentre encore plus), l’appart était magnifique : rénové, propre, décor minimaliste, balcon avec une vue incroyable sur le pont et le Tage. Le prix : 730€/mois avec deux chambres. Le hic, un renouvellement mensuel à durée déterminée. Nous étions initialement censés restés 1 mois. Ce mois s’est prolongé de mois en mois sur 4 mois jusqu’au moment où nous avons décidé de sortir de cette situation instable et non durable.
Après de nombreuses recherches et rencontres avec des propriétaires, nous avons appris que l’un des problèmes venait des taxations : pour eux, les taxes s’élèvent à 15% pour du court-terme vs 30% pour du long-terme. On est d’accord, il y a un truc qui ne joue pas là.

En hiver, on se les caille chez soi:

Bon, au delà d’avoir été surpris par les loyers relativement élevés pour le Portugal, on s’étonne encore plus de ces prix pour une autre raison : le mauvais rapport qualité/prix. Il faut savoir que la plupart des constructions sont sans chauffage. A priori, on se dit : « oh, pas grave, il fait tout le temps beau et chaud à Lisbonne » Faux ! Lisbonne est un climat océanique et donc frais et humide en hiver (3 mois de pluie quasi consécutive hiver 2017-18). Vous aurez donc plus froid dans votre appartement qu’à l’extérieur. L’humidité vous ronge non seulement les os mais laisse inévitablement de la moisissure sur vos murs. Pour chauffer votre appartement, il faudra vous acheter un radiateur électrique (voire deux !) ou un hotspot au gaz. Pour cette deuxième option, comptez 50€/mois de chauffage au gaz et laissez tomber votre côté écolo ! Difficile pour nous de se projeter à long terme dans un tel environnement. La base, c’est quand même de se sentir bien chez soi. Et pour vous prouver que nous ne sommes pas des petites natures, nous avons même rencontré un portugais qui fait un échange d’appartement avec un Berlinois chaque hiver. (Apparemment, ces échanges Lisbonne-Berlin se font pas mal). Il part donc vivre à Berlin pour profiter du vrai froid hivernal et du confort douillet d’un appartement bien chauffé. Eh, pas bête la mouette !

Des transports en commun peu efficaces:

– surchargés (de touristes – il faut souvent attendre le prochain tram),
– horaires très irréguliers pour les bus,
– prix relativement chers si l’on pense au rapport qualité/prix. 1€85 dans le bus ou 1€25 avec la carte rechargeable, valable seulement pour 1 voyage et non pas à l’heure comme dans beaucoup d’autres villes. Par exemple, si vous devez prendre 2 bus ou 1 bus + 1 métro, peu importe le nombre d’arrêts, le total de votre trajet s’élèvera à 3€70 (où 2€50 avez la carte). Vous devez donc payer à chaque fois que vous prenez un nouveau transport. Le plus rentable reste la carte mensuelle nominative à 36€70, mais il faut être sûr de prendre un minimum de 30 voyages par mois pour la rentabiliser. Pour nous, ça ne valait pas vraiment le coup. En faisant le calcul rapidité/attente/prix, on avait souvent meilleur temps de partager un Taxify ou un Uber.
Un autre moyen de transport pour une mobilité plus libre et rapide : le scooter électrique partagé eCooltra. Attention, c’est 0.24€ la minute, donc il faut bien connaître son chemin pour ne pas perdre du temps. Pareil pour la zone de parking, attention à ne pas sortir de la zone bleue de la carte eCooltra. Côté écolo, la production d’électricité au Portugal est produite à travers le charbon et le gaz qui émettent du CO2. Pour plus d’info à ce sujet, voir la carte très intéressante de la source de production d’électricité par pays. En conclusion, l’utilisation du scooter partagé peut facilement dépasser le coût du transport en commun et ce n’est pas forcément la façon la plus écolo pour se déplacer.

Un autre rythme de vie:

Bien que nous soyons pour le slow living, le rythme de vie et les prises de décision sont plutôt lents. Nous avons aussi remarqué une chose… Les portugais sont, de prime abord, toujours enthousiastes et enclins à vous aider mais lorsqu’il s’agit d’agir, il n’y a plus personne…
D’un autre côté, ce n’est peut être pas le meilleur endroit pour commencer un business comme le nôtre. Cela nous amène donc au point suivant…

Un service postal peu fiable:

Essentiel pour la vitalité de notre blog, nous avons eu pas mal de soucis avec les livraisons. Un colis en provenance de l’Espagne, impossible à localiser, n’est jamais arrivé. Des colis hors Union Européenne sont restés coincés aux douanes pendant des semaines et j’en passe. En discutant autour de nous, nous avons réalisé que nous n’étions pas seuls à avoir eu ce genre d’expériences.

UPDATE – En répondant à un message d’une lectrice, j’ai complètement oublié de mentionner un point non-négligeable , surtout pour celles et ceux sensible au bruit !

Les nuisances sonores des avions :

L’aéroport est situé au nord de Lisbonne. Les avions arrivent principalement par l’embouchure rivière du Tage et océan (pointe sud de la ville) et passe inévitablement au dessus de la ville. Les pires quartiers : Alcântara, Campo de Ourique, Amoreiras, Campolide et Alvalade. Une deuxième ligne passe par l’est de la ville donc autant vous dire qu’on entend les avions dans tout Lisbonne.
Nous avons vécu les 5 premiers mois à Alcântara. Le premier avion entrait aux alentours des 5h du mat’ et le dernier à 1h du mat’. Lorsque nous regardions un film, le passage de l’avion était tellement bruyant que nous devions faire pause le temps de sa survol au dessus de notre appartement ! Nous avions même trouvé un magnifique appartement à acheter avec une belle cours intérieure. Mais avec des avions qui la survolent tous les 3 à 5 minutes, j’ai vite réalisé qu’il allait être difficile d’en profiter paisiblement !
J’avais oublié ces nuisances sonores d’avions puisque nous avons vécu les 4 derniers mois du côté de Belém/Restelo. Ils se font toujours entendre (et voir) mais au moins, ils ne passent pas au dessus de votre tête.
Personnellement, ce bruit quasiment incessant (puisque overtourism = toujours plus d’avions), omniprésent, psychologiquement fatigant et au final, nocif pour la santé fut aussi l’une des raisons qui a remis en question mon envie de vivre dans le centre de Lisbonne.

 

Après avoir dépeint un portrait pas très joli de Lisbonne, passons aux atouts de cette ville au charme fou !

Vivre à Lisbonne ~ les PLUS :

Une architecture magnifique :

Lisbonne nous fait lever les yeux au ciel. Je ne me lasserai jamais de l’architecture incroyable de cette ville et des innombrables azulejos. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle nous sommes tombés sous le charme. Ils apportent une touche colorée et de la texture à chaque ruelle ; un réel plaisir pour les yeux et le moral. Lisbonne nous montre aussi sa beauté à nos pieds. Les trottoirs sont pavés de mosaïques, souvent en noir et blanc, que l’on nomme calçada portuguesa, un autre emblème portugais.

Une bonne qualité de vie :

Pour une capitale européenne, déjeuner, diner ou prendre un verre restent raisonnables. Vous trouverez encore des cafés à 0,65€ et des bières à 1€. Une fois, avec mon père nous avons même payé une bière à 0,80€ ! Bien sûr, évitez les attrape-touristes et ne le criez pas trop fort aux risques de faire augmenter les prix.

Les croissants com queijo :

Et en parlant de nourriture, nous avions une petite addiction non pas pour les pastel de nata mais pour les croissants au fromage ! Les weekends au petit-déj’ ou pour les goûters, le croissant com queijo était devenu notre péché mignon. D’ailleurs, ça nous manque trop !

La mer à côté :

Même si vous ne trouverez pas de plage à Lisbonne, vous n’y êtes pas si loin. Vous pouvez prendre le bateau pour vous rendre de l’autre côté du pont, à Costa da Caparica (aperçu de la plage dans cet article). Sinon, vous pouvez prendre le train qui longe toute la côte jusqu’à Cascais et vous arrêter sur les différentes plages. Notre préférée, la plage de Guincho (aperçu de la plage dans cet article).

Administration facilitée pour un freelance:

Vous devez vous enregistrer en tant que résidant permanent, ouvrir un compte bancaire puis vous rendre au Finanças pour obtenir votre numéro fiscal (NIF) et déclarer votre activité de “travailleur indépendant”.

Pour comprendre notre décision d’emménager puis de partir de Lisbonne, il faut aussi qu’on vous remette en contexte.

Contexte et prises de décision

Après avoir rendu les clés de notre appartement à Genève suivi de 2 mois et demi de voyage en Asie du Sud-Est, mi-août, nous avions posé bagages dans la chaleur étouffante de Madrid (raisons : un enterrement de vie de garçon fin août suivi du mariage au 1er septembre). Besoin de respirer, nous avons pris un billet de bus direction Lisbonne. À peine avions-nous posé pieds dans la capitale que nous sommes tombés sous le charme. Nous avons été accueilli par l’air frais de l’océan, les couleurs pastel et une lumière étincelante ; tout ce dont nous rêvions. Avant notre départ de Genève nous avions fait quelques recherches pour justement vivre à Lisbonne. Après lecture des éloges qui indiquaient le bon vivre, nos premières impressions étaient en accord avec ce qu’il se disait. Nos yeux de touristes se sont rapidement changés en regard d’habitants tout en restant touristes aux yeux des locaux. En plus de tous les points négatifs évoqués ci-dessus, nous avons réalisé que nous ne souhaitions plus être considérés comme « les étrangers ». C’est pourquoi nous avons décidé de rentrer en France. Même si Julian n’est pas français, il parle couramment la langue et s’entend à merveille avec les français. 😉

Nos erreurs

  • Être venus avec trop d’attentes comme par exemple, croire à la facilité de trouver un logement à bas prix.
  • Être venus avec peu d’information concrète et réelle sur le marché de l’immobilier (achat comme location), du transport, des services comme le courrier.
  • Avoir perdu du temps à vouloir acheter un appartement dans un pays que nous ne connaissions pas encore assez bien et un marché immobilier saturé et élevé (pic d’achat le plus haut en 2017)

Nos conseils

  • Apprendre la langue
  • Si vous êtes freelance, rejoignez directement un espace de co-working comme le Impact Hub Lisbon qui n’est pas seulement un espace de travail mais aussi une belle communauté. Cette démarche a changé notre dynamique de travail et notre vie sociale.
  • Inscrivez-vous dans des groupes de français à Lisbonne comme FrenchUpers.

Note de fin

Même si au début nous avions pris ce départ comme un échec (car nous avions réellement envie de nous poser et de ne plus déménager), nous regardons à présent ces 9 mois comme une expérience de vie inoubliable, une chance et une liberté incroyables de pouvoir voyager et découvrir un pays, une culture par choix et non par dépit. À l’heure où nous écrivons ces dernières lignes, une vague nostalgique envahit nos mémoires. Au final, le plus important dans tout ça, ce sont les rencontres inoubliables que nous avons faites comme l’équipe KLOW (e-shop de mode éco-responsable), la team de créatifs Mojo Dealers qui nous ont refait notre identité visuelle et le site web, la communauté à Impact Hub (espace de co-working), et la famille Maria Granel (magasin en vrac).

Après toute cette aventure, un bout de Lisbonne reste gravé dans nos coeurs avec le sentiment que cette ville est en quelque sorte devenue une deuxième maison pour nous !

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Si vous préparez des vacances dans la capitale, venez découvrir notre Eco-city guide de Lisbonne.