Pour la discussion durable du mois d’Octobre, nous vous présentons le duo de choc, Eloïse et Thomas qui ont décidé d’unir leurs expériences et leurs engagements éthiques et écologiques en créant leur plateforme multimédia, SloWeAre, consacrée à la mode responsable.
Il y a tout juste un an, il nous avaient invités à la journée “Happy Wear” afin que je partage mon parcours et mon expérience dans la mode éco-responsable.
Aujourd’hui, à notre tour de vous les présenter ! Nous leur avons posé 6 questions, de leurs parcours à la création de leur site, de leur vision de la mode à la participation et l’organisation d’évènements dans tout Paris ! Sans plus attendre, je vous invite à vous installer confortablement dans votre canapé avec une tasse de thé pour lire leurs réponses super enrichissantes.

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1. Pouvez-vous nous parler un peu de SloWeAre ? À qui vous adressez-vous ?

SloWeAre est un site multimédia dédié à la mode éthique créé en février 2017 par Eloïse et Thomas, motivés par l’envie de faire découvrir au grand public la richesse et la diversité des créateurs de mode éco-responsable. SloWeAre facilite et simplifie la vie vestimentaire et aide le consommateur à trouver des marques et des boutiques qui respectent l’homme et l’environnement et se positionne comme un tiers de confiance. Nous mettons en avant des acteurs de la mode éco-responsable qui sont en cohérence avec notre manifeste composé d’une vingtaine d’engagement éco-responsable.

Le site web est pensé comme une véritable boîte à outils et rassemble plusieurs services dédiés aux personnes en recherche de mode et de style en phase avec leurs valeurs. Tout d’abord, un guide des boutiques et marques éco-responsables pour savoir où acheter des vêtements plus éthiques ; SloWeAre regroupe un collectif de marques auditées, certifiées, qui placent l’éthique et la transparence dans leur ADN de marque. On y retrouve également un magazine en ligne pour s’informer, trouver des astuces pour mieux consommer, prolonger la durée d’utilisation d’un vêtement mais aussi s’inspirer avec des lookbooks, des shooting photos etc. On peut aussi rejoindre la communauté Happy New Wear pour trouver de l’entraide au sein d’un groupe fermé sur Facebook ou lors de nos événements. Dernièrement, nous avons organisé la seconde édition de notre festival de mode éthique Happy Wear #2 avec un marché de créateurs et différents ateliers. Nous organisons également des Ecofashion Tours qui sont des ateliers sous forme de balades shopping en groupe pour aller à la rencontre des créateurs.

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2. Comment êtes-vous arrivés sur le chemin de la mode éco-responsable ?

SloWeAre est un projet mûri depuis plusieurs années, qui résulte de nos nombreuses expériences dans le secteur de l’industrie textile et de l’agro-alimentaire pour Eloïse et de la pharmacie hospitalière et de l’automobile pour Thomas… Au départ, une problématique personnelle qui s’est rapidement transformée en véritable challenge, avec la motivation et le sentiment de participer à une mode plus juste sans sacrifier son style.

Eloïse : il y a plusieurs années, j’ai commencé à examiner avec plus d’attention les conditions de fabrication de ses achats, leurs impacts environnementaux et sociaux. Devenue plus vigilante à l’origine et à la qualité de ses vêtements, c’est avec l’idée de garde-robe bien précise que j’ai recherché des pièces élégantes aux belles finitions et faciles à porter.

Bien sûr, le changement s’est fait par étapes et en douceur avec un premier tri de son dressing qui m’a conduit à organiser un vide-dressing collectif dans un café parisien. Au début de ma démarche, je me suis tournée vers la création française. A l’époque, le « Made in France » commençait à être en vogue, mais je me suis vite aperçue du manque d’information et du peu de traçabilité des vêtements dans l’industrie textile. J’ai découvert des études indiquant que 91% des entreprises ne connaissaient pas l’origine des matières premières.

Je me suis mise à interroger les marques, me permettant d’identifier un certain nombre d’entre elles qui fabriquent ici ou ailleurs avec la volonté d’être plus responsables dans leur démarche. Lors de ce travail de recherche, je me suis rendue compte que la mode éco-responsable proposait une offre relativement complète et répondait à une véritable attente du grand public. Le problème identifié était au niveau structurel : les marques ou les boutiques étant de petites tailles, elles dégagent peu de marge consacrée et sont limitées quant à leurs actions de promotion. Le marché de la mode est très concurrentiel, alors, même si vous avez le meilleur produit du monde, si celui-ci n’est pas visible, il est difficile d’exister.

3. Quels sont les critères éco-responsables primordiaux à retrouver chez une marque ?

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Thomas : la mode éco-responsable est plurielle. Chacun a sa propre définition en fonction de ses valeurs, de son histoire personnelle. L’éco-responsabilité c’est avant tout de veiller à respecter les droits humains et les ressources de la planète. Cela peut se traduire pour certaines marques par le fait de privilégier des matières biologiques ou recyclées, pour d’autres c’est de préserver des savoir-faire, de fabriquer des vêtements en petites séries, de produire localement, etc. Toutes ces démarches sont à impact positif. Nous croyons en une mode plus intelligente, raisonnable, écologique et humaine et nous souhaitons faire connaître les valeurs et les initiatives que nous défendons dans notre manifeste, qui se compose d’une vingtaine d’engagements éco responsables.

Du côté de SloWeAre, nous avons mis en place une méthodologie pour valider les démarches éco-responsables assurer traçabilité et transparence : réalisation d’un audit approfondi, informations vérifiées et vérifiables à toutes les étapes du processus de fabrication, pour chacun des fournisseurs, chacun des ateliers, chacune des matières premières.

4. Le consommateur s’est habitué aux prix très bas que propose la fast-fashion. Comment peut-on expliquer et convaincre le grand public des prix justes de la mode responsable ?

Eloïse : c’est une question qui revient très souvent lorsque l’on échange avec notre communauté. Si l’on tient compte de l’ensemble de la chaîne valeur d’un vêtement, de sa conception à son usage en passant par sa réalisation, elle coûte moins chère. Les pièces sont plus durables car plus qualitatives (matériaux, qualité de fabrication, réduction des intermédiaires…), elles sont respectueuses de l’Homme et de la planète. Alors oui, pour le consommateur, elle peut paraître plus chère, mais c’est celui du prix juste, celui du prix qu’il n’aura pas à payer plus tard parce que le vêtement peu cher est souvent peu durable.

Thomas : la question prix demande aussi à remettre les choses dans un contexte. Cela dépend du type de produits et d’enseignes auquel on compare un vêtement éthique ainsi que du profil d’achat du consommateur.

De nombreuses marques et boutiques de mode responsable proposent des produits milieu de gamme qui restent accessibles. Par exemple, les baskets en toile N’Go, dont les motifs sont faits sur un métier à tisser au Vietnam pour 69€ ; la marque soutient la construction d’écoles dans des villages reculés du pays. Plus proche de nous, une jupe à 20€ du Labo de l’Abbé, la marque propre d’Emmaüs – la Friperie Solidaire, qui a son atelier à Maison Alfort (94). Mais comment ne pas craquer pour une jolie robe en coton Pima bio « made in Peru » signée Bombon de algodon ou un haut de La Petite Mort ? Il y a aussi des marques dont le positionnement est un peu plus premium comme Antagony, et même W Y L D E avec son système de précommandes, qui proposent des vêtements unisexes fabriqué en France pour une centaine d’euros.

Eloïse: la bonne nouvelle, c’est que les marques de mode éthique sont moins chères que les chaînes de prêt-à-porter premium que nous avons l’habitude de croiser dans les rues commerçantes. Les marques de mode éthique produisent dans des quantités raisonnables, gage d’unicité et d’authenticité, et nous assurent de payer équitablement tous les acteurs de la chaîne de production, le vêtement que vous trouverez en boutique sera donc au prix juste avec une marge très limitée.

5. Nous souhaitons que la mode éco-responsable devienne la norme. Comment voyez-vous le futur de la mode ?

Même si la mode évolue avec les attentes des consommateurs, la législation est sans aucun doute le meilleur moyen d’accélérer le processus. De nouvelles réglementations initiées par une directive européenne impose des reportings RSE à certaines entreprises pour les amener à prendre en compte les conséquences sociales et environnementales de leur activité incluant également leurs fournisseurs. Elles sont ainsi encouragées à être plus transparentes sur la traçabilité de leurs produits.

Nous pensons que dans 3 à 5 ans, le paysage des enseignes de mode aura déjà bien évolué en faveur d’actions liés au recyclage ou d’upcycling et que de nouvelles boutiques auront émergées pour mettre en avant la mode éthique à Paris mais aussi dans des villes de taille moyenne. C’est un gros défi, mais il est indispensable.

6. Quels seront les prochains événements organisés par SloWeAre ?

Happy Wear #2 a eu lieu à la rentrée et a rencontré un franc succès plus de 1 000 personnes sur 2 jours avec une vingtaine de créateurs. Ce type d’événement nécessite beaucoup de préparation, donc les prochains événements seront sur des formats que nous maîtrisons bien : un Ecofashion Tour la semaine prochaine, un apéro Afterwork dans les prochaines semaines. On vient aussi de nous proposer une collab à l’étranger vers mi-novembre, donc à voir, et serons partenaires de quelques événements en fin d’année comme c’était le cas en septembre dernier avec Low Carbon City et Change Now Summit. Nous travaillons aussi sur un tout nouveau projet qui devrait voir le jour au printemps 2019. STAY TUNED!

J’espère que cette interview vous aura plus. Un grand merci à Eloïse et Thomas pour leur implication dans une mode responsable à travers SloWeAre.

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N’hésitez pas à poser vos propres questions en commentaire ci-dessous ! On se retrouve en Novembre pour une prochaine discussion durable !