{Mis à jour – avril 2020}
Je ne vous le cache pas, j’ai commencé à m’intéresser aux différentes matières textiles il y a à peu près un an, lorsque j’ai commencé à travailler sur ce blog avec Margot. Je suis particulièrement attiré par l’aspect social et l’impact que l’industrie du vêtement peut avoir sur l’économie et sur l’environnement. Aujourd’hui, nous allons parler coton et coton bio, une fibre qui continue à jouer un rôle très important dans l’industrie textile.
Le coton est un vaste sujet. Il touche à l’agriculture, l’économie, le développement socioculturel et à l’histoire du monde. Cet article sera plutôt une entrée en matière. Je souligne en bref les points clés qui m’auront semblé les plus pertinents. (Toutes les sources seront cités en fin d’article pour davantage d’info).
L’histoire du coton en bref
Certains s’accordent à dire que les premières capsules de cotonnier ont été trouvé à Tehuacán au Mexique en 5 500 AEC (avant l’ère commune). D’autres disent que les premières graines et cordes de coton (colorés naturellement !) datent de 5 000 ans, en provenance du nord du Pérou. Quant à l’Inde, nous savons que le coton y pousse depuis plus de 3 000 ans. Appuyons à présent sur la touche forward de notre lecteur cassettes pour avancer de quelques milliers d’années. Pendant la Conquête de la Péninsule Ibérique, les musulmans ont introduit la production de coton en Europe. Le nom coton vient de l’espagnol, algodón, qui fut une interprétation du mot arabe, Al Qutun. En allemand, le coton se dit Baumwolle ce qui signifie littéralement laine d’arbre (Baum = arbre et Wolle = laine). Par sa similarité avec la laine, la composition du mot s’est formée suite à une histoire du moyen-âge un peu farfelue racontée par l’écrivain John Mandeville. Il disait que le coton était en fait un mouton qui poussait sur un arbre. Appuyons à nouveau sur la touche forward pour arriver au XVIII siècle, l’époque où les français ont appris et introduit les techniques indiennes. Le coton est rapidement devenu populaire. Plus accessible que la soie, il pouvait se mélanger au lin et pouvait plus facilement se colorer et s’utiliser pour créer de jolies robes. Et c’est à partir du XIX siècle, pendant la révolution industrielle anglaise que tout fout le camp ! On créa la machine « spinning jenny » suivi de la « water frame » dans le but d’accélérer la production textile. Cette révolution a enclenché les prémices des mauvaises conditions de travail, le travail infantile et les longues heures de travail. Avec le succès de cette industrie fleurissante et grâce au commerce des colonies, la culture du coton s’étend en Inde. Entre-temps, pendant et après la révolution française alors que les français et les anglais se disputent, de l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis deviennent un acteur important dans l’industrie du coton. Je ne vais pas rentrer en détail dans cette histoire mais pour vous en faire un résumé, le coton a joué un rôle important lors de la guerre civile américaine et son économie. Pour résumer, une grande partie de son économie a grandi à travers l’esclavagisme et le coton, il y a de cela 150 ans. De nos jours, l’industrie du coton en porte les séquelles et a des difficultés à se sortir de cette situation bien similaire, dans d’autres parties du monde.Le coton biologique, une matière écologique ?
La Durabilité
Si le coton existe depuis plus de 5 000 ans, ça en dit long sur sa durabilité. Même si, par expérience, le coton n’est pas aussi durable que le chanvre une fois porté, on ne peut pas nier que cette matière est très confortable, douce et absorbante. Et étant donné sa longévité à travers les siècles, sa fabrication est très bien rodée et plus efficace.Le Blues
Qu’est-ce que le blues a à faire avec le coton ? Au début des années 1900, des chanteurs de blues commencent à parler d’une petite bête qui fait des ravages dans les champs de coton. Comme l’explique la chanson “The boll weevil blues”, cet insecte venu du Mexique a établi foyer dans le sud des États-Unis et causa de sévères pertes dans l’industrie. > Écouter la chanson et connaître les paroles.<Les Pesticides
L’usage de produits chimiques sur les plantes existe depuis la nuit des temps. Des pesticides minéraux comme le soufre dans la Grèce antique ou l’arsenic à l’époque romaine sont utilisés comme insecticides. C’est dans les années 1 930 que débute l’ère des pesticides chimique de synthèse. Pour être considéré biologique, le coton doit être sans pesticide chimique de synthèse et sans herbicides et ne doit pas provenir d’une graine OGM. Le coton bio est blanchi à l’eau oxygénée au lieu du chlore. Poussé de façon naturelle, le coton est donc écologique et biodégradable. Pour davantage d’explications, lire : les pesticides en bio et c’est quoi un pesticide chimique de synthèse.Les Certifications
Le coton biologique doit être (malheureusement) certifié. Quand on y pense, c’est quand même le monde à l’envers ! Le coton bio devrait être considéré conventionnel et non l’inverse. Bref ! Les meilleures options pour garantir son authenticité sont les labels GOTS (Global Organic Textile Standards) et Fair Trade (Max Havelaar). Si ces deux labels sont imprimés sur l’étiquette, vous avez donc un coton bio issu du commerce équitable. L’un complémente l’autre. Attention, méfiez-vous du petit nouveau “Better Cotton Initiative”. C’est un label Greenwashing puisqu’il ne fournit aucune traçabilité sur les conditions de travail ni sur les substances toxiques. Et bien sûr, on y retrouve C&A, H&M, la famille Inditex (Zara, Pull&Bear, etc.), Ralph Lauren, GAP, Decathlon, Levi Strauss & Co., Adidas, Nike, Burberry, United Colors of Benetton…
L’eau
Le coton en a énormément besoin comparé au chanvre et au lin qui se contentent de l’eau de pluie. Selon différentes sources, on trouve différents chiffres : pour produire 1kg de coton, il faut entre 5 000 et 20 000 litres d’eau. Cela représenterait 1 t-shirt.
Une Culture subtropicale
Aujourd’hui, la production de coton bio provient principalement des régions subtropicales. 90% provient de l’Inde, la Chine, le Kyrgyzstan, la Turquie, le Tajikistan. Le reste est cultivé aux Etats-Unis, au Brésil, au Pérou et en Thailande. En 2017, 18 pays produisent du coton biologique.
Du coton français ?
Bien que non-biologique, un nouveau producteur de coton vient de voir le jour en France ! Le champ de coton se trouve dans le Gers. De ce projet fou est né la marque Jean Fil qui a produit sa première collection de polos 100% fabriqués dans le pays. Leurs objectifs : réduire les transports et donc leur empreinte carbone et faire vivre le savoir-faire français. Qu’en pensez-vous ?
Porter du coton bio
Pour conclure, le coton bio est une bien meilleure option que le coton conventionnel mais reste le mauvais élève dans le top 5 des matières les plus écologiques, même après la viscose de bambou. Bien entendu, il faut aussi regarder la production d’un vêtement dans son ensemble : lieu de production de la matière première, les ressources et techniques de transformation, le transport, les teintures utilisées, lieu de fabrication du produit final…
A ce stade là et sachant que le coton représente à peu près la moitié de la production de l’industrie textile, la planète et ses habitants se porteraient mieux si le coton biologique devenait la norme au plus vite !
A première vue, l’idée semble bien utopique. Un coton bio produit moins de rendement qu’un coton chimique. La matière première est donc plus coûteuse pour les producteurs et le produit final plus cher pour les consommateurs.
En tant que consommateur, il est encore difficile de changer ces habitudes de consommation et sa perception des prix lorsque l’on a été habitué à des prix défiants toute concurrence. Pendant toutes ces années, nous n’avons jamais questionné les méthodes de fabrication des grandes enseignes par confiance aveugle et ignorance.
Mais avec la montée en puissance des consommateurs conscients se crée de plus en plus d’entreprises responsables. Je suis optimiste et pense que nous sommes sur le bon chemin; celui d’une industrie textile plus respectueuse.
Cet été, je porte en boucle ce short bleu marine {similaire} en coton bio issu du commerce équitable et cette chemise manches courtes en lin et certifié coton bio issu du commerce équitable.
Sources:
Donna So. 8 matières naturelles pour s’habiller bio et écolo [en ligne]. Bio à la Une, 18/10/2016 [Consulté le 08/08/2018] Disponible ici
Henry Louis Gates, Jr. [en ligne] Why was Cotton “King” [Consulté le 14/08/2018] Disponible ici
Matt Simon. Fantastically Wrong: when people thought lambs grew right out of the ground [en ligne]. Wired, 30/04/2014 [Consulté le 08/08/2018] Disponible ici
Pauline Petit. Coton équitable: à quels labels se fier ? [en ligne] ConsoGlobe 28/11/2017 [Consulté le 17/08/2018] Disponible ici
Production 2016. About Organic Cotton [en ligne] 2016 [Consulté le 14/08/2018] Disponible ici
Schoen, Brian (2009). The Fragile Fabric of Union: Cotton, Federal Politics, and the Global Origins of the Civil War. Johns Hopkins University Press
Ugo Dutil. Top 5, Les fibres les plus écologiques [en ligne]. Respecterre, 14/02/2016. [Consulté le 08/08/2018] Disponible ici
Volti, Rudi (1999). “cotton”. The Facts On File Encyclopedia of Science, Technology, and Society.
World Wild Fund (WWF) Sustainable Agriculture: Cotton