Coucou les filles ! Aujourd’hui j’ai le plaisir de vous présenter la première édition de ma série d’articles intitulée Discussion Durable.  Rendez-vous chaque premier jeudi du mois pour découvrir une nouvelle interview d’experts en mode éthique, cosmétiques naturels et style de vie écologique.

Pour cette première interview, j’ai eu l’immense honneur de converser avec Natalie du blog Sustainably Chic, à traduire Durablement Chic. Basée à Charleston, aux Etats-Unis et d’origine Suisse (Sérieux, que le monde est petit ! Lisez jusqu’au bout pour découvrir où exactement !), j’ai découvert l’univers de Natalie à travers son Instagram. En moins de 3 ans, elle s’est déjà établie comme l’une des plus importantes blogueuses mode éthique en choisissant consciencieusement les marques avec lesquelles elle souhaite travailler. Elle partage avec nous sa passion pour une mode responsable prenant en compte le travail des personnes derrière chaque création, l’impact de la production sur notre environnement, le tout pour une meilleure économie. Comme elle l’écrit : “achetons positivement, achetons moins, achetons durablement”.
Sans plus attendre, je vous laisse découvrir ses réponses :

Margot : La mode éthique est le sujet principal de ton blog. Est-ce que la mode fut la première étape vers ton style de vie responsable ? Comment celui-ci a-t-il évolué ?

Natalie : En effet, la mode fut ma première étape vers un style de vie plus responsable et plus spécifiquement, les produits issus du commerce équitable. Lors de mes études universitaires, je suis tombée sur quelques articles qui parlaient des mauvais traitements et du gaspillage de l’industrie de la mode. Je ne pouvais pas croire ce que je lisais donc j’ai commencé à faire des recherches par moi-même. C’est là que j’ai découvert le commerce équitable qui s’axe vers les matières organiques, la durabilité et la mode éthique.
C’était un processus lent au début. La “graine” a été plantée il y a presque 7 ans. Mais elle a réellement commencé à grandir deux ans après avoir concrètement pris connaissance du sujet.
J’ai lancé mon blog, il y a seulement 2 ans et demi, et je pense que j’ai fait la plupart de mon apprentissage et de ma croissance dans ce laps de temps.
Mon style de vie est en constante évolution {ainsi que mon environnement personnel et économique} où l’aspect durabilité y est impliqué à tous niveaux.

M : Te souviens-tu d’un moment précis ou d’un événement de ta vie qui a changé ta vision de la mode en général ?

N : Ce sont ces articles qui ont suscité mon intérêt et m’ont permis d’avoir une approche différente sur la mode. J’aime la mode {comme beaucoup de gens}, et je voulais toujours qu’elle fasse partie de ma vie. L’industrie de la mode a une réelle importance car elle crée, entre autre, des opportunités économiques pour de nombreuses personnes, partout dans le monde. Nous ne pouvons pas la rejeter, mais nous pouvons changer son mode de fonctionnement afin que chacun puisse l’appréhender de façon équitable. Il m’a fallu un certain temps pour comprendre ce qui était acceptable d’acheter. Je ne connaissais pas le « vrai coût » et je n’avais pas Instagram pour faciliter ma transition. En fin d’études, je me suis entièrement concentrée sur la mode durable ce qui a réellement changé ma vision globale de la mode. Cela allait au-delà du simple tissu mais c’était à propos des gens, de l’économie et de l’environnement.

M : Combien de temps ça t’a pris pour passer des marques «populaires» aux marques durables?

N : Je crois avoir fait quelques achats de marques de « fast fashion » il y a de cela 4 ans. Il m’a fallu environ deux ans pour changer mes habitudes. Là encore, je n’avais pas les outils pour me dire ce qui était bien ou mauvais. A cette époque, je n’avais aucune idée des pratiques d’ H&M ou d’autres fabricants de « fast fashion ». Personne n’en parlait autour de moi. Cependant, j’avais lu et regardé une vidéo sur Saipan où des marques comme Gap fabriquaient – celles-là étaient sur ma liste de “magasins à bannir” tout au début.
D’un autre côté, j’ai toujours adoré les vêtements vintage et faire mes emplettes dans des boutiques d’occasion alors d’une certaine manière, la plupart de mes achats allaient déjà dans la bonne direction. Après avoir pris connaissance sur la mode durable, je me devais d’appuyer les marques éthiques émergentes afin de changer l’industrie. Je savais que faire uniquement du shopping dans les magasins de « second-hand » ne changerait pas la donne. Nous devons soutenir les marques qui peuvent rendre la mode durable possible. C’est la seule façon de vaincre les «mauvais élèves».

M : J’adore le nom très évocateur Sustainably Chic (= Durablement Chic) que tu as choisi pour ton blog. Quelles sont les idées préconçues sur la mode durable?

N : Je pense que les deux principales idées reçues du consommateur sont le prix élevé et l’esthétique démodée alors que généralement ça ne l’est pas ! J’espère changer ces préjugés parce que ce n’est tout simplement pas vrai. Comme dans n’importe quelle autre industrie, il y a certains produits très couteux et certains qui ne sont pas considérés comme design, mais c’est en majorité tout le contraire. Malheureusement, tout le monde veut payer 5 € pour un t-shirt, et même si vous payez moins de 20 € un t-shirt, il y a forcément quelqu’un de lésé dans la chaîne {consommateur inclus!}.

M:    La durabilité rassemble différents types d’éthiques. Il est parfois difficile de toutes les combiner dans un seul produit. Quelles sont pour toi les éthiques les plus importantes lors de l’achat d’un produit durable?  

N : J’adore cette question parce que tu as totalement raison. On pense souvent qu’il y a une définition précise de la mode éthique ce qui est tout à fait impossible. L’éthique est une discussion plutôt qu’une définition.
Pour ma part, je regarde chaque marque durable différemment. Chaque artisan, communauté et marque vont définir chacun ce qui est durable pour eux. Par exemple, je m’associe à de nombreuses marques de commerce équitable qui travaillent avec de petits villages. Certains de leurs produits sont fabriqués à partir de matériaux recyclés provenant de leur propre industrie de viande {alias le cuir}. Je déteste le gaspillage, et je ne comprend pas les gens qui vont manger de la viande sans « utiliser » l’animal entièrement. Mon alimentation n’y contribue pas, mais je sais que les consommateurs de viande ne vont pas arrêter du jour au lendemain. Alors au lieu de créer de nouveaux matériaux ou pire encore, du similicuir en plastique, utilisons ce que l’on a déjà, et faisons-le de façon responsable. Quand je regarde un produit, je me pose premièrement la question suivante : “qui l’a fait?”. Ensuite, je passe par une longue liste de critères pour déterminer si le produit est «durable». Honnêtement, c’est vraiment du cas par cas et tout est un sujet d’équilibre. Je n’ai pas une seule façon de procéder, et garder un esprit ouvert est très important.

M : Est-ce difficile pour toi de concilier style et éthique ? 

N : Pas du tout ! J’ai plus de 100 marques sur mon site, chacune avec son propre style. Il y en a pour tous les goûts ! Vous pouvez les découvrir sur ce lien ici !

M :    Comment te sens-tu lorsque tu portes des vêtements éthiques ?

N : Je me sens la même qu’avant sauf que ça m’aide à trouver le sommeil. Je me sentais tellement coupable lorsque j’ai appris les conséquences qu’engendraient mes achats « fast fashion » !

M :  Quels sont tes bloggers éthiques préférés ?

N : C’est l’un des côtés du blogging que je préfère, rencontrer tous les autres bloggers ! Ethical Writers Coalition et le Ethical Influencer Network regroupent d’incroyables bloggers éthiques. Holly de Leotie Lovely et Kamea de Koncious Whispers sont géniales ? Nous sommes pour la plupart devenus amis et nous nous soutenons et encourageons car le monde du blogging éthique n’est pas des plus facile.

M : Selon toi, où se trouve l’équilibre entre consommation éthique et la promouvoir ?  
N : Je pense beaucoup à cela … c’est un dur équilibre. On fait la promotion d’une consommation raisonnée, c’est-à-dire moins mais mieux alors qu’en faite, on a plus de robes que de jours dans l’année {j’exagère, mais tu vois ce que je veux dire}. Toutefois, si je ne créais pas toutes ces tenues et ce contenu imagé, je ne pourrais pas susciter l’intérêt du consommateur et donc, pas changer la façon dont nous achetons. Cependant, j’essaie de limiter mes nouveaux vêtements. D’autres bloggers de mode prennent généralement des produits gratuitement et en parlent dans un article. Je préfère créer une réelle relation avec la marque avant d’accepter quoi que ce soit. Ce type de fonctionnement me permet de limiter ma garde-robe. Pour le mois de janvier, je n’ai accepté qu’un manteau, une robe, une bouteille d’eau et une paire de chaussures. Quatre nouveaux articles pour un mois entier de blogging, c’est bien en dessous de la moyenne.

M : Est-ce que tu te surprends à vouloir un produit non-éthique ?

N : Je crois que je me suis dégoutée de la “fast fashion”. Je ne peux même plus regarder un magasin Forever 21 ! Donc, non. haha.

M : Quels seraient tes conseils pour quelqu’un qui souhaiterait consommer plus que éthique ?

N : Ne pas se lancer trop rapidement au début. Je pense qu’on peut facilement se laisser submerger pour au final, laisser tout tomber. Appréciez ce que vous possédez déjà et quand vous avez besoin de quelque chose {ou que vous avez envie de vous faire plaisir, parce que c’est aussi autorisé et ça contribue au développement de l’industrie !}, allez voir ce que les bloggers éthiques promeuvent. Nous faisons le travail pour vous et voulons que cette transition se fasse facilement.

M : Tu partages avec tes lectrices des produits de beauté naturels et des marques lifestyle écologique. Quelles sont tes marques cosmétiques et lifestyle préférées ?

N : J’ai récemment partagé tous mes produits cosmétiques et lifestyle préférés sur mon blog, que vous pouvez découvrir sur ce lien ici.

M : Quels sont tes principaux objectifs pour 2017, personnel et/ou pour le blog?

N : Cette année sera dédiée à la gestion du temps et de mes sentiments. Je suis très sensible et le moindre commentaire peut me faire fondre en larmes. Les gens peuvent être vraiment méchants et je dois arriver à faire abstraction. Je ne peux pas satisfaire tout le monde et j’aimerais que chacun sache que je ne pense pas avoir toujours raison ou je ne pense pas que tout le monde devrait vivre d’une certaine façon. Ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai créé SC.
Je travaille plus de 10 heures par jour et je n’en peux plus. Je ne peux plus continuer comme ça. Ça a l’air d’être de petits objectifs mais je me sentirais beaucoup mieux si j’arrive à les réaliser.

M : Sur une note plus personnelle, ta famille vient de Romandie, Suisse. As-tu grandi en Suisse ? Est-ce que le français est ta langue maternelle ?

N : Une bonne partie de ma famille vit toujours dans le canton de Vaud mais mes parents nous ont élevés aux Etats-Unis. J’ai la chance d’avoir deux passeports et de souvent voyager à l’étranger.
Je pense que ma Grand-mère aurait aimé que le français soit la langue principale à la maison. J’ai seulement l’occasion de le parler lorsque je visite ma famille en Suisse. Et ça revient rapidement ! Cette année, je planifie de rendre visite à ma Mamie une fois par semaine et converser seulement en français. J’en ai besoin car je suis en train de le perdre !

Merci Natalie d’avoir répondu à toutes mes questions et partagé une partie de ta vie avec nous !
Suivez Natalie sur son Instagram @sustainablychic !

RDV le jeudi 2 février pour découvrir la prochaine Discussion DurableRetrouvez toutes les Discussions Durables ici.